10/03/2016
"Saint Amour" et autres toiles grand écran
Que dire sans être trop vache ?
un petit film, interprété moyen ,
un tout petit road movie qui se voudrait initiatique , et
drôle, que j'ai trouvé plutôt pathétique ,
retrouvailles du fils céréalier alcoolique et du père
éleveur sur fond de salon de l'agriculture et de verres
sifflés à la va-vite sans goût,entre deux parties de
jambes en l'air et le tout termine dans une ferme,
sorte de phalanstère idéal, trois papas pour un marmot,
une pesanteur finale pénible...
Ce n'est pas un film de garde, pas plus que le saint
amour d'origine...il n'étanchera pas votre soif de
vrai plaisir cinématographique.
En résumé , une médiocre et inconsistante pochade
pour boit-sans soif.
Le film ne vaut que pour deux choses :
hilarité totale avec Houellebecq en propriétaire
déjanté de chambre d'hôtes, grand moment !
et puis le court métrage précédent le film aux
séances du Méliès :
" Ya Basta ", de Sébastien Rost et Gustave Kervern
11 minutes délirantes et franchement tordantes !
Je vous laisse avec la bande annonce qui promettait
mieux;
si vous appréciez le vrai bon vin, le beau cinéma,
l'humour fin ou intelligent, changez de salle tout de
suite.
(tiens , pareil pour Ave Cesar des frères Coen, on a
beaucoup ri aux images annonces, on s'est ennuyés
ferme au film...)
J'attends avec une esthétique impatience
"The Assassin "聶隱娘, Nie yinniang,
de Hou Hsiao- Hien ,
sortie mercredi, ça s'annonce somptueux,
mais il nous a habitué aux chefs d'œuvre
08:18 Publié dans Environnement, nature, Hiver 2015-2016, Ma cinémathèque Grand Ecran: coups de cœur et coup, Oenologie | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : "saint amour", the assassin ", gustave kervern, benoit delépine, vincent lacoste, gérard depardieu, benoit poelvoorde, "ya basta " court métrage, michel houellebecq
04/03/2016
"The Revenant"
Le scénario s'inspire du livre de Michael PUNKE, passionné par la vie des pionniers, de ces conquérants de l'Ouest américain. Ici, Nord Ouest américain 1820 , nous avons à faire à des trappeurs, au cœur d'une nature grandiose, filmée avec toute la splendeur qu'elle mérite. On n'oubliera pas de si tôt les contre plongées fantastiques des forêts , ces arbres qui tutoient le ciel et dont les cimes semblent se rapprocher. Cette technique est quasiment permanente, parfois, nous donnant la sensation d'un film tourné à ras de terre, et regardant vers le haut.
Lumière naturelle, couleurs de pluie, de neige, ombre des forêts, eaux torrentueuses vertes, bleu-glacier, écumantes. L'extrême violence de nombreuses scènes du film est comme atténuée par la beauté plastique de l'ensemble; personnellement, c'est ce que je retiendrai de " The Revenant ", mais aucune émotion pour le héros, aucune empathie.
Pour le reste, une indéniable performance d'acteur de la part de Leonardo DiCaprio, bien dirigé , et dont les aventures multiples de survie à la limite de l'impossible nous tiennent en haleine durant les 2 heures trente du film. Pas de temps morts, mais beaucoup de morts, du gore en veux - tu en voilà! oui, de la violence parfois très difficile à supporter, servie par une bande son et une musique originale épatantes, ( le long de la rivière, s'égrène un thème qui n'est pas sans rappeler Gustav Mahler )
Alejandro González Iñárritu nous offre là un film technique esthétiquement réussi , très "américain " mais qui ne soulève pas réellement l'enthousiasme, malgré la performance de DiCaprio, méconnaissable, mi homme mi bête, qui grogne, se traîne sur les coudes, déchiquète à pleines dents du poisson ruisselant, se coltine un ours (scène impressionnante ) avance mû par ses visions, au cœur d'un scénario qui fait un usage sans limite du manichéisme , des situations attendues, des symboliques énormes ( la " re- naissance " du héros qui s'est abrité dans le ventre fumant et chaud de son cheval mort ...)
L'ensemble ne me laisse déjà pas , au bout de deux jours, un souvenir extraordinaire ; la forme y est, mais tout ça manque de réflexion, de fond, le trop "animal " nous guette , le tape à l'œil , la démesure fonctionnent à plein régime , mais n'apportent rien...
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08:12 Publié dans actu, Hiver 2015-2016, Ma cinémathèque Grand Ecran: coups de cœur et coup | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : " the revenant ", leonardo dicaprio
19/02/2016
Les Innocentes
Pologne, décembre 1945.
Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise. D’abord réticente, Mathilde accepte finalement de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, violées par des soldats soviétiques, sont sur le point d’accoucher. Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et ces religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger, la clandestinité des soins et de nouveaux drames vont aiguiser…C'est ensemble qu'elles retrouveront le chemin de la vie.
Avec une telle matière, j'attendais un des grands films de l'année;
à quoi donc tient ma réserve?
sûrement pas à ce pan mal ou inconnu de la guerre de l'Histoire de la Pologne, de notre histoire,
sûrement pas au remarquable casting côté polonais, mention toute particulière à Agata Buzek, sœur Maria
sûrement pas au traitement quasi noir et blanc qui sied tout particulièrement à la narration de la tragédie.
Si je reviens sur un récit qui met en image la vie religieuse et ses aléas, ses difficultés, ses contradictions, ses déchirures et ses joies, " IDA " un autre film polonais , en N & B strict, lui, m'avait bouleversée, émue aux larmes, touchée profondément et durablement,
Là, ce ne fut pas le cas, alors que l'empathie pour ces religieuses enfantant à la suite de viols commis par les soldats soviétiques est fortement présente. Le film demeure sensible, et évolue entre la grâce et l'horreur.
J'ai ressenti une fracture temporelle entre le rôle de Mathilde Beaulieu et la jeune Lou de Laâge, qui fait de son mieux, mais sans doute trop "actuelle" physiquement pas toujours crédible , elle n'est pas vraiment dans le ton . Vincent Macaigne s'en tire mieux.
Cette aventurette amoureuse n'apporte strictement rien à l'histoire.
Par contre, Agata Buzek campe une sœur Maria formidable de tempérament, de courage, d'intelligence, de charisme. Un jeu fluide, emprunt de délicatesse et de force tout à la fois.
Un film intéressant, un bon film, mais pas un grand film, malgré un scénario porteur qui aurait dû nous conduire à un chef d'œuvre digne de Bernanos, on en est assez loin .
Le sociologue Josselin Tricou nous révèle les réalités qui se cachent derrière cette fiction.
Dans "Les Innocentes", nous découvrons des cas de viols dans un couvent catholique polonais, en 1945. Au regard de l'histoire, ce drame est-il unique ?
Cette situation est intéressante du fait qu'elle soit connue, la discrétion étant souvent de mise autour de tels faits. Il est fort possible que d'autres sœurs aient été violées dans un contexte de guerre sans que ces drames n'aient été ébruités. Car les religieuses n'ont pas échappé aux viols massifs qui se déroulent en temps de conflit. Toutes les armées, lorsqu'elles envahissent un pays, s'attaquent aussi au corps des femmes. En Libye, par exemple, les partisans de Mouammar Kadhafi ont utilisé sciemment le viol comme une arme de guerre. La seconde particularité de cette histoire tient au fait que ces viols ont été commis par des soldats russes, c'est-à-dire des personnes inconnues de ces sœurs. Alors que la grande majorité des viols perpétrés sur des religieuses, et dont nous avons connaissance, sont commis par des prêtres ou des évêques, donc des proches des victimes, comme la plupart des agressions sexuelles aujourd'hui.
Des critiques de cinéma affirment que ce viol constitue une double peine pour ces bénédictines à cause de leurs vœux religieux et notamment celui de chasteté. Qu'en pensez-vous ?
Non, je ne suis pas si certain. Un viol constitue une agression exercée contre une personne dans son intimité, qu'importe qu'il s'agisse d'une religieuse, d'une laïque ou même d'un homme. Attention à l’implicite moralisant : un viol serait plus traumatisant pour une « vierge » que pour une « putain ». Il s'agit avant tout d'une violence. Quant à la peur du rejet social éprouvée par ces sœurs, elle est vécue par l'ensemble des femmes violées. Néanmoins, l'agression sexuelle à l'encontre de ces bénédictines entre en imbrication avec une autre violence, celle exercée par l’institution catholique de l'époque. Dans l’après-guerre, l’Église n'a de cesse de réprimer le corps et la sexualité. Dans les séminaires et les couvents, il est encore d'usage, par exemple, de dormir les mains hors des draps pour éviter tout risque de pratiques impures. Cette obsession contre la sexualité joue évidemment un rôle dans la réaction de ces femmes.
Dans le film, les sœurs se questionnent sur leur croyance en Dieu. Lorsque le corps d'un religieux est touché, doute-t-il plus de sa foi ?
Évidemment ! Quand le corps est atteint, la foi est bousculée. Car celle-ci se développe avant tout par le corps à travers des pratiques religieuses ou des rituels. Par leur vie spirituelle réglée et collective, cette corporéité de la foi est très forte chez les frères et les sœurs. Ce processus d'appropriation de savoir-faire et de savoir-être par l'exercice d'une profession se nomme en sociologie « une incorporation ». Quant au doute, comme le montre très justement ce film, il est permanent. La foi n'est pas un objet possédé, que nous détenons ou non. Dans une scène, une sœur déclare que la foi, c'est 24 heures de doute pour une minute de certitude. C'est très juste.
Ce couvent vit dans la peur permanente que les viols et les grossesses soient révélés au monde extérieur. Comment expliquer cette crainte ?
Deux logiques régissent le comportement de ces servantes de Dieu. La première est celle de l'ordre du genre qui installe une hiérarchie entre les hommes et les femmes dans toute société. A cause de cette domination sociale, qui s'exacerbe en temps de guerre, seules les femmes supportent la culpabilité des pulsions violentes des hommes. Le viol s'inscrit dans ce processus. Ainsi, ces religieuses, se sentant responsables, se murent dans un silence honteux, coupable. La seconde logique est ecclésiale, c'est celle du maintien de l'ordre et de la crainte du scandale. Elle est incarnée dans le film par le personnage de la mère supérieure, capable du pire pour éviter le déshonneur du couvent. Dans l’Église, jusqu'à maintenant, le scandale était souvent perçu comme plus grave que les actes, car toute l'institution religieuse fait corps ensemble. Si un de ses membres tombe, il entraîne ses confrères dans sa chute. Cette logique est encore apparue en octobre dernier lorsque le prêtre polonais Krzysztof Charamsa a fait son coming-out à la télévision, la veille du synode sur la famille. Sur Internet, d'autres prêtres ont commenté que ce qui était perturbant n'était pas tant que ce prêtre ait des pratiques homosexuelles, mais qu’il les revendique publiquement.
Une des scènes montre le malaise d'une sœur à être auscultée par la médecin de la Croix-Rouge. Cette gêne peut-elle être justifiée par le vœu de chasteté ?
Selon moi, cette réaction relève avant tout du manque d'éducation sexuelle de ces sœurs. A cette époque, la sexualité ne s'apprend que par le mariage. A cela, s'ajoute l’obsession ecclésiale pour la pureté du corps déjà évoquée auparavant. Néanmoins, la théologie catholique a évolué sur ces questions. Aujourd'hui, la chasteté dépasse la seule abstinence sexuelle et n'est plus réservée qu'aux prêtres et aux religieux. Il s'agit d'un engagement de toutes et de tous y compris dans le mariage. Pour les prêtres, cette définition revêt aussi un sens plus large. Si nous interrogeons un père à ce sujet, il risque d'évoquer l'interdiction de convoiter du regard une paroissienne pour en faire un objet de son désir de pouvoir sexuel ou économique.
Selon vous, si le drame dépeint dans le film se déroulait aujourd'hui, quelles évolutions pourrions-nous constater ?
Cette situation pourrait se renouveler à notre époque. Car des viols de guerre se déroulent encore tous les jours. De même, dans des contextes de paix, les violences exercées contre les femmes restent massives. Selon l'Ined (Institut national d'études démographiques), en France, chaque année, 216 000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles. Et ceci n'est qu'une estimation basée sur les chiffres déclarés. Malgré ces constats, nous remarquons des évolutions notamment grâce à l'apport des sciences humaines sur ces questions. En 1976, une première historienne, Suzan Brownmiller, s'est intéressée aux viols pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis cette date, grâce aux connaissances apportées par les sciences humaines, la société prend mieux en compte ces réalités. Ce tournant féministe dans la recherche a permis de réaliser qu'il existe une invisibilisation des violences perpétrées sur les femmes du fait d'un ordre social machiste et androcentré. Quant au déni de l’Église par rapport à ces drames, il s'est aussi amoindri au fil des années, l’institution ecclésiale étant aussi pénétrée par cette prise de conscience. La preuve en est avec la dénonciation au Vatican d'une ONG anglaise, membre du réseau Caritas, de viols commis sur des religieuses dans le continent africain, durant les années 80. Au lieu de fermer les yeux, Rome a reconnu les faits. Si la souffrance de ces sœurs n'est pas encore prise en charge, une première étape a été franchie : il est aujourd'hui possible de parler de ces crimes.
paru dans la newsletter du Monde des Religions
7 mars 2016
20:07 Publié dans actu, Grande Histoire et petites histoires, Ma cinémathèque Grand Ecran: coups de cœur et coup | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : anne fontaine, bénédictines, pologne, viol, grossesses, accouchement, drame, guerre, soldats soviétiques, les innocentes
03/02/2016
Les Délices de Tokyo ou la faim des haricots
D'une leçon de cuisine à une leçon de vie, le film
délicieux de Naomi Kawase est une gourmandise,
parfois un peu trop sucrée ...qui aurait mérité peut être
davantage de sobriété coté bons sentiments, mais une
jolie réussite, tout comme les dorayakis, ces délicieux
petits gâteaux traditionnels japonais que nous avons
dégustés à la sortie de la projection, proposés par
L'Amateur de Thés,
MON restaurant palois de cœur et ma préférence.
www.lefooding.com/.../restaurant-l-
Davantage que sa pâte riche en œufs et cuite sur le
teppan (plaque chauffante), c’est l’« an », pâte de
haricots servant de garniture, qui le rend irrésistible. Une
préparation délicate à maîtriser — et trop souvent issue
d’une boîte. Ainsi, voir à l’écran une vieille dame dévoiler
ses cinquante ans de pratique est une ode à la lenteur :
trempage, cuisson douce, macération (« avec le sucre,
c’est un mariage arrangé, ils doivent apprendre à se
connaître »), confisage délicat… Plus c’est long, plus c’est
bon. Une méditation gourmande « cuisinée avec le cœur ».
Sous nos yeux, nous assistons au rite initiatique que
Sentaro,
le jeune cuisinier qui tient boutique sucrée
en tant qu'employé passe grâce à l'experte -es
" an " que se révèle être Tokue, une vieille dame
de 76 ans , économe de propos :
petit à petit, un peu plus de ceci, moins de cela,
doucement, plus vite… mais terriblement efficace. On se
croirait plongés au cœur d'un conte en plein Tokyo, au
rythme des saisons délicieusement matérialisées par
les cerisiers, en fleurs, en feuilles, en vert, en
jaune...Tout comme le roman de Durian Sukegawa
dont le film est adapté, douceur, douleur,
tendresse, cynisme, secrets,
(chaque personnage à les siens ) lumières, contrastes,
émaillent avec grâce le récit , apaisant et
touchant . Un film qui fait du bien .
C'est rare et d'autant plus précieux.
www.franceinter.fr/emission-cine-
13:12 Publié dans actu, Aquitaine et Grand Sud Ouest, Gourmandise, bonnes adresses,Cuisine, Quand est-ce, Ma cinémathèque Grand Ecran: coups de cœur et coup, Pyrénées-Atlantiques, Vive la radio | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : pancakes, symbole, gastronomie, haricots rouges confits, les délices de tokyo, pau, l'amateur de thés, cinéma le méliès